lundi, 23 janvier 2012
Citations preuves
« - Vous faites beaucoup de citations.
- Ce ne sont pas des citations, mais des preuves.
- Des preuves de quoi ?
- Qu’il n’y a qu’une seule expérience fondamentale à travers le temps. Formes différentes, noms différents, mais une même chose. Et c’est là, précisément, le roman. »
Ph. Sollers
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jeudi, 12 janvier 2012
Comme une parenthèse lucide du négatif
"Comme les humains adorent inconsciemment la mort, ils ne peuvent pas entrer dans le noir vivant, c’est-à-dire le néant vivifiant qui les fonde. Ils ne sont pas là. Manet ne s’explique pas, il agit, sa main ne s’arrête pas, et si ce ne sont pas des femmes, ce seront, à la fin, des fleurs dans des flûtes de champagne. Quand le vieux Picasso veut rajeunir, il reprend Le Déjeuner sur l’herbe, et il redécouvre immédiatement la clairière. Quant au Berthe Morisot au bouquet de violettes, ce n’est pas seulement le visage et les yeux qui sont un regard dans le regard, mais toute la toile, comme une parenthèse lucide du négatif."
Extrait de L'éclaircie, Ph Sollers
23:56 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : philippe sollers
jeudi, 05 janvier 2012
L'éclaircie, de Philippe Sollers, roman, sortie aujourd'hui
« Je pense à toi [2] en voyant le portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes, la future belle-sœur de Manet, que ce dernier a peint en1872. On dirait qu’elle est en grand deuil, mais elle est éblouissante de fraîcheur et de gaieté fine. Ce noir éclatant te convient. Ce que Manet a découvert dans le noir ? Le regard du regard dans le regard, l’interdit qui dit oui, la beauté enrichie de néant. Des philosophes ont écrit sur Manet, mais, comme c’est curieux, ils ne semblent pas avoir vu ses femmes. La très belle sœur de Manet le voit, lui, ce peintre, elle le traverse. Les violettes sont leur secret commun, elle porte le deuil en avant des massacres de la Commune. Elle a tout l’avenir devant elle. Ni la Terreur ni la Mort ne règnent ici, et le18e siècle français devait passer par ce noir pour s’approfondir. Le noir, donc, comme lumière, dans une jolie veuve, une jolie sœur. »
(Extrait) éditions Gallimard
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mardi, 01 novembre 2011
Sur Lacan
14:01 Publié dans psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lacan, philippe sollers
vendredi, 16 septembre 2011
Le Secret
Présentation ici (via l'INA) d'un des meilleurs livres de Philippe Sollers
http://www.ina.fr/art-et-culture/cinema/video/CPC93003664/philippe-sollers-le-secret.fr.html
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dimanche, 21 août 2011
Le plus simple
« Le plus simple ou le plus proche sera toujours le plus riche et le plus mystérieux. »
Philippe Sollers Nicolas de Staël
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vendredi, 17 juin 2011
Favorable
"Le temps ne travaille pas, c'est pourquoi il t'est favorable."
Philippe Sollers
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dimanche, 20 février 2011
Empreintes
"Il est bien des merveilles dans le monde, il n'en est pas de plus grande que l'homme.
Il est l'être qui sait traverser la mer grise, à l'heure où soufflent le vent du Sud et ses orages, et qui va son chemin au milieu des abîmes que lui ouvrent les flots soulevés."
Sophocle, Antigone
A voir ici, jusqu'au 25 février, le film de l'émission Empreintes, sur Philippe Sollers
23:14 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, sophocle
vendredi, 14 janvier 2011
Une suite de nuances vraies
"Voilà son style, dont il dit lui-même qu'il est "horriblement difficile à imiter, car il n'est qu'une suite de nuances vraies."
Philippe Sollers, à propos de Stendhal, dans "Trésor d'amour"
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dimanche, 02 janvier 2011
Hâtons-nous de jouir
"Hâtons-nous de jouir, nos moments nous sont comptés, l’heure que j’ai passée à m’affliger ne m’en a pas moins rapproché de la mort. Travaillons, car le travail est le père du plaisir, mais ne nous affligeons jamais. Réfléchissons sainement avant de prendre un parti ; une fois décidé, ne changeons jamais. Avec l’opiniâtreté, on vient à bout de tout. Donnons-nous des talents ; un jour, je regretterais le temps perdu."
Stendhal, Journal; juillet 1801
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dimanche, 12 décembre 2010
Mon cerveau et moi
"De temps en temps, mon cerveau me reproche d'avoir tardé à lui obéir; d'avoir sous-estimé ses possibilités, ses replis, sa mémoire; de m'être laissé aller à l'obscurcir, à le freiner, à ne pas l'écouter. Il est patient, mon cerveau. Il a l'habitude des lourds corps humains qu'il dirige. Il accepte de faire semblant d'être moins important que le coeur ou le sexe (quelle idée). Sa délicatesse consiste à cacher que tout revient à lui. Il évite de m'humilier en soulignant qu'il en sait beaucoup plus long que moi sur moi-même. Il m'accorde le bénéfice d'un mot d'esprit, et prend sur lui la responsabilité de mes erreurs et de mes oublis. Quel personnage. Quel partenaire. "Sais-tu que tu ne m'emploies que très superficiellement?" me dit-il parfois avec le léger soupir de quelqu'un qui aurait quelques millions d'années d'expérience. Je m'endors, et il veille. Je me tais et il continue à parler. Mon cerveau a un livre préféré : l'Encyclopédie. De temps en temps, pour le détendre, je lui fais lire un roman, un poème. Il apprécie. Quand nous sortons, je lui fais mes excuses pour toutes les imbécilités que nous allons rencontrer. "Je sais, je sais, me répond-il, garde-moi en réserve." J'ai un peu honte, mais c'est la vie. J'écrirai peut-être un jour un livre sur lui."
Philippe Sollers, Un vrai roman
Picasso
13:58 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, picasso
lundi, 06 décembre 2010
la Révolution
"En somme, vous avez toujours plus ou moins mêlé le transcendantal,
la mystique, la poésie, la pensée, l’amour, l’érotisme,
la Révolution ? Mais oui, et c’est justement ça, la Révolution."
Philippe Sollers
Picasso, d'après Vélasquez
19:12 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : philippe sollers, picasso
vendredi, 24 septembre 2010
C'est énorme ce qui est en train de se passer...
A écouter Philippe Sollers, ce soir chez Taddei
23:56 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers
dimanche, 15 août 2010
Tiepolo
Peu d’artistes, après Michel-Ange, ont été aussi souverains que Tiepolo dans l’art du plafond. C’est son élément, son ciel, son eau, sa vision renversée des corps, des chairs, des tissus, des matières. Chaque touche de pinceau est une note. Vous levez la tête, vous vous tordez le cou, vous le regardez grâce à un miroir dans l’allée centrale, vous recommencez, votre poids est toujours trop lourd, trop terrestre. Tiepolo, c’est du Saint-Esprit dans les cintres, du vent spirituel dans les voiles, les trombes, les effondrements calculés, les spirales, vol plané ou piqué, démonstration que la vie humaine en oiseau est possible. Ça descend vers vous, ça vous oblige à monter. Descente, ascension : c’est le fond de ce que cette religion veut dire.
Tiepolo est un ange, il devrait être depuis longtemps béatifié. Le mot « bienheureux » lui va comme une palette. Des anges, il en faut plein, avec des jambes, des pieds et des bras, pour maintenir la nacelle en navigation, écouter les nuages, varier les teintes, laisser des échancrures montrer des apparitions. Bon prétexte pour glorifier la peau, les soies, les bijoux, les velours, volupté, faste, mouvement et froissement du calme. La Vierge, comme modèle, est renouvelable à volonté, on vient encore d’en voir trois passant sur les quais. Encore une fois, vous êtes au bord de l’eau, vous accostez, vous montez les marches, vous passez la porte de bois massif, vous entrez, vous levez les yeux, le ciel réel vous tombe d’un coup sur la tête.
Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise
10:21 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : tiepolo, philippe sollers
mercredi, 02 juin 2010
« Je comprends tout ce qu’on a pu entendre au sujet de l’effet du Sud sur le caractère et l’énergie. »
« Il n’aurait pas fallu devenir psychiatre et prétendu fondateur d’une nouvelle tendance en psychologie, mais fabricant de quelque objet de genre courant comme du papier hygiénique, des allumettes ou des boutons de bottines. Il est beaucoup trop tard maintenant pour changer de profession, si bien que je continue - égoïstement mais en principe avec regrets - à jouir seul de tout. »
Sigmund Freud
Lire ici l'article complet extrait de "Discours parfait" de Philippe Sollers
Titien, L'Amour sacré et l'amour profane
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jeudi, 06 mai 2010
"Le roman doit avoir pour but la poésie pratique"
"Je crois effectivement que le travail fondamental de l’écrivain ne peut plus se faire autrement que dans la clandestinité, malgré d’ailleurs une apparence soit tout à fait convenable, soit tout à fait trompeuse. Cette séparation radicale entre le paraître et la réalité n’a sans doute jamais été aussi grande. Cela vient du fait que, désormais, la société contrôle tout et se raconte à elle-même dans des séries d’images. J’ai une grande habitude d’être pris pour quelqu’un d’autre. Je suis aussi habitué à ce qu’on ne lise pas du tout ce que j’écris. J’en retire à la fois un sentiment d’impunité et de liberté très grande. Je peux vivre selon l’image qu’on a de moi et poursuivre dans le même temps des activités tout autres..."
00:10 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers
dimanche, 25 avril 2010
L'art, la littérature
"L'art, la littérature, contrairement à ce qu'on vous a appris, n'ont jamais été des choses "humaines", et ni le marxisme ni la psychanalyse ne peuvent les ramener à une trame anthropologique - historique, physique, biologique ou pulsionnelle - commune. Ni les "masses", ni l'"inconscient" ne peuvent les contenir. C'est bien le moins que le diable se mette quelque part, à découvert, au service de Dieu. Dans la religion de la science, c'est plutôt le contraire : mais Dieu n'étant pas mort, et la mort étant devenu votre dieu, le moment est venu de se demander pourquoi l'athéisme est, finalement, si peu érotique."
Ph Sollers, Grand beau temps
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jeudi, 22 avril 2010
« C’est de la poésie » devient l’équivalent de « C’est très bien mais ce n’est pas à lire, merci ».
Extrait de l'Odyssée : « Le messager aux rayons clairs se hâte d’obéir : il noue sous ses pieds ses divines sandales qui, brodées de bel or, le portent sur les ondes et la terre sans bornes, vite comme le vent, et plongeant de l’azur il tombe sur la mer, puis court sur les flots, pareil au goéland qui chasse les poissons dans les terribles creux de la mer inféconde et va mouillant dans les embruns son lourd plumage. Pareil à cet oiseau, Hermès était porté sur les vagues sans nombre. »
Ce rythme, cette façon de faire avec la physique des mots, nous accusent. De quoi ? De ne pas penser, de ne pas vivre, de répéter des clichés d’actualité, des bobards, des lâchetés, des fausses croyances, des malveillances, des insignifiances.
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, philippe sollers
lundi, 19 avril 2010
Par le corps
Il faut voir que l'histoire se passe à travers le corps, qu'elle ne passe pas par les idées, mais à travers le corps. C'est pour cette raison que la littérature, l'écriture, est une chose si importante et en apprend si long sur l'histoire."
( Philippe Sollers, Sur Artaud)
12:08 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, watteau
dimanche, 18 avril 2010
Sortie en poche de "Guerres secrètes"
Vient de sortir en folio un des meilleurs livres de Philippe Sollers : Guerres secrètes
Extraits :
"Il y a une guerre incessante : celle qui nous saute à la figure à travers le terrorisme déchaîné par la stratégie directe. Et une guerre plus secrète qui se mène sans cesse, pas seulement économique, et dont les Chinois sont en train de tirer la plupart des fils. Si l’adversaire est unilatéral, je vais faire du multilatéralisme ; comme l’adversaire est capitaliste, je vais devenir encore plus capitaliste. Pratiquer la défensive stratégique, utiliser la force de l’adversaire pour la retourner en ma faveur. Le Chinois s’appuie d’instinct sur la compréhension interne de ce que l’adversaire ose, veut, calcule et est obligé de faire. Il mène une guerre défensive qui peut durer une éternité : sa conception du temps n’est pas la nôtre. Cette guerre peut se prolonger indéfiniment pour user l’adversaire. Elle ne cherche pas l’anéantissement, mais la domination. C’est donc en prenant le point de vue chinois qu’on voit l’histoire de la métaphysique s’achever dans sa propre perversion : dans le nihilisme accompli, qui peut tout à fait être emprunté par la logique chinoise sans qu’elle sorte réellement de sa propre substance. L’être, le non-être, le néant sont redistribués autrement."
"Comment ne pas penser que le Cyclope moderne, incessant, mononucléaire, ressemble étrangement à une caméra ? La caméra enregistre sans arrêt tous les événements du monde, sans parler du fait qu'elle est là, en état de surveillance continue, pour traquer la vie des humains. Cette dévoration constante par la caméra ne va pas jusqu'à la crudité du temps d'Ulysse, à savoir qu'elle mangerait de la viande humaine. Mais enfin, c'est quand même comme cela que ça se passe, dans la mise à égalité de tous les événements les uns par rapport aux autres : cadavres et naissances, actualité de mode, publicité et bourrage de l'estomac représentatif. L'ignorance où la caméra entretient l'humanoïde de sa "proximité" me paraît flagrante. Dans les têtes fonctionne constamment une caméra, sous le signe du "je pense donc je suis", qui en réalité doit s'interpréter par "je me représente donc je crois que je suis moi" ou plus exactement "je crois que je suis ce qu'on me dit de jouer de plus en plus comme rôle".
"Ce qui est habituel, c'est ce à quoi l'autre s'attend. Ce qui est insolite, imprévu, c'est l'irruption du devin que l'autre n'a pas su prévoir. Ne jamais être où l'on voudrait que je sois. Il faut mesurer l'adversaire, s'adapter à ses actes ou à ses intentions, parvenir à le chosifier, à lui "donner matérialité et consistance" en le fixant sur un lieu déterminé. L'adversaire a été dupé par mon stratagème. Mon action virtuelle est parvenue à faire "surgir l'adversaire dans l'univers des formes". La réification de l'ennemi est la plus grande victoire que peut obtenir la stratégie. La chose n'est pas naturelle en quelque sorte, c'est ce qui fait sa vulnérabilté. Le vide au contraire, où l'adversaire se laisse piéger, est ce qui permet l'acte insolite. L'être est miné par le non-être, qui permet la surrection du divin."
12:22 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, guerres secrètes